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Liesbet Nys, Van mensen en muizen. Vijftig jaar Nederlandstalige Faculteit Geneeskunde aan de Leuvense universiteit. Leuven: Universitaire Pers Leuven, 2016.

Renaud Bardez, Université Libre de Bruxelles

Avec son dernier ouvrage, Liesbet Nys continue une entreprise foisonnante de réévaluation de l’historiographie de l’Université de Louvain débutée au début des années 2000. Spécialisée en histoire des universités et de la médecine, l’auteur qui a déjà publié un ouvrage sur l’histoire de l’Université de Louvain (avec Jo Tollebeek, De stad op de berg. Een geschiedenis van de Leuvense universiteit 1968-2005, 2005) et un autre sur les origines de la Faculté néerlandophone de médecine de Louvain (Gescheiden bedden. Het ontstaan van de Nederlandstalige Faculteit Geneeskunde aan de Leuvense universiteit, 2014), nous livre une étude riche et fouillée qui dépasse largement le cadre institutionnel de la Faculté de médecine. Cet ouvrage à l’intersection de l’histoire universitaire, de la médecine et de l’enseignement s’avère indispensable à toute personne s’intéressant au secteur médical belge.

Liesbet Nys réussit le pari de proposer une histoire incarnée à travers une approche prosopographique efficace des acteurs de la Faculté. L’historienne a compilé des archives pléthoriques telles que celles de l’université, des hôpitaux, de la ville et du KADOC tout en contribuant à constituer une mémoire orale riche par des interviews (débutées en 2005 pour De stad op de berg) à tous les échelons de la Faculté (recteurs, doyens, professeurs, personnel scientifique, étudiants).

Articulé autour de quatre parties thématico-chronologiques (Indépendance, Expansion, Rationalisation, Perspective éducative), il s’offre à nous une Faculté vivante, en mutation perpétuelle au regard des transformations des impératifs d’enseignement, des normes de recherche et des soins durant la seconde moitié du XXe siècle. Par ce biais, nous comprenons pourquoi et comment une institution d’enseignement est passée de quelques dizaines de professeurs dans les années 1960 à plus de 500 en 2016.

La première partie de cet ouvrage constitue la réévaluation d’un chapitre célèbre de l’histoire politique et éducative de la Belgique, le combat linguistique autour de la scission de l’Université de Louvain au début des années 1960. Cette question épineuse est abordée à travers le prisme original de la Faculté de médecine, démontrant ainsi l’utilisation et l’impact du conflit linguistique sur l’histoire de la médecine en Belgique. Elle l’aborde notamment à travers la pratique hospitalière dans la formation médicale et plus particulièrement l’adéquation faite entre le manque de place pour l’enseignement dans les hôpitaux et l’utilisation du néerlandais au sein de l’hôpital Saint-Pierre de Louvain.

La seconde partie couvre la période allant de la scission à l’expansion internationale et s’incarne à travers la personne de Pieter De Somer, Recteur de l’Université de 1968 à 1985. Il est le symbole de la prépondérance de la Faculté de médecine dans les rapports de force internes à l’Université (la faculté et l’hôpital pesant pour 25% des voix dans l’élection du Recteur). De Somer, un des principaux artisans de l’expansion de l’Université en dehors des murs de la ville, favorise l’édification du Gasthuisberg selon le modèle moderne de campus médical intégré à la structure hospitalière. La Faculté se réorganise selon les logiques organisationnelles des départements, l’offre d’enseignement est diversifiée et l’institution s’implante aussi sur le Campus de Courtrai. En clair, la Faculté s’adapte tant à la massification de l’enseignement supérieur qu’aux nouvelles normes de la recherche et de soins.

La troisième partie, de 1985 à 2000, aborde le développement du site du Gasthuisberg alors même que les hôpitaux universitaires de Louvain se trouvent en pleine crise financière. Ces difficultés budgétaires imposent le débat de la création d’un statut juridique autonome pour les hôpitaux universitaires avec, en toile de fond, la persistance toujours complexe des relations hospitalo-universitaires. Elément particulièrement intéressant, Liesbet Nys souligne l’immixtion d‘un nouvel acteur dans la gestion universitaire. En 1998, le bureau de consultance McKenzie est mandaté pour la réorganisation des hôpitaux universitaires de Louvain, percolant sur la gestion universitaire dans son ensemble. De plus, cette période est aussi celle de la réorganisation du système de financement des Universités (décret du 12 juin 1991), des débats sur la pratique de l’avortement, sur le numérus clausus et la mise en place d’un examen d’entrée (1997) ou encore l’émergence de la commission d’éthique relative aux tests sur les animaux, instaurée en grande partie pour des raisons d’image de l’Université.

Enfin, l’auteur consacre une large partie à l’histoire récente de l’institution. À travers la Faculté de médecine de Louvain, elle propose une évaluation sans concession des enjeux et débats actuels de l’enseignement et des politiques de santé aux échelles communautaire et nationale : de la réforme de Bologne, au passage de 7 à 6 ans du cursus, au profil « sociologique » des étudiants ou encore la transformation du Gasthuisberg en un Health Sciences Campus, nouvelle norme en matière de soins et d’enseignement médicaux.

Cet ouvrage d’histoire du temps présent nous plonge dans les arcanes de l’enseignement médical, dans les rapports interdépendants et complexes qui animent administration hospitalière, Université, Faculté et ville. Plus largement, il s’agit d’un outil indispensable à la compréhension des mondes médical et hospitalier belges de la deuxième moitié du XXe siècle. En effet, cette analyse est transposable à l’ensemble des Universités belges, confrontées, selon les particularités communautaires, à des enjeux et débats similaires. À n’en pas douter, il s’agit d’un jalon important dans l’historiographie des universités, des hôpitaux, de la médecine ou plus simplement des soins de santé dans leur ensemble.

- Renaud Bardez