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Popelier, Jean-Pierre, Kaanen-Vandenbulcke, Isabelle, Ganty, Jacques, Loodts, Patrick, Préaux, Lara, Préaux, Jean-Philippe, Brassinne, Mélodie, Masson-Loodts, Isabelle, 1914-1918. Les exilés belges en France. Histoires oubliées. Bruxelles : Racine, 2017.

Guillaume Vaneukem

Longtemps laissé de côté, l’intérêt pour les migrations franco-belges durant la Première Guerre mondiale renait depuis le début des années 2000, intérêt décuplé ces dernières années par les évènements lui faisant écho dans l’actualité.

Bien que l’historien Michaël Amara ait déjà donné une synthèse assez globale sur l’histoire de l’émigration belge durant la Grande Guerre dans son ouvrage Des Belges à l’épreuve de l’exil. Les réfugiés de la Première Guerre mondiale en France, en Angleterre et aux Pays-Bas1, le livre Les exilés belges en France offre un intéressant complément. Cet ouvrage collectif traite spécifiquement de l’exil des populations belges en France à l’exception du dernier chapitre traitant, a contrario, de l’exil des Français en Belgique. Au travers de ce volume d’un peu plus de 220 pages, neuf auteurs présentent tour à tour et au fil des chapitres, leur travail sur un aspect particulier du sujet. De l’histoire militaire à l’histoire sociale chacun y déploie de manière pointue son savoir sur son sujet de prédilection. Leurs profils, très différents et spécialisés, sont sans conteste l’un des grands atouts de l’ouvrage qui regroupe à la fois des historiens professionnels mais également des historiens locaux qui viennent enrichir de leur passion et de leur formation les connaissances relatives à la thématique.

Enchainant sur le préambule également écrit par ses soins, Jean-Pierre Popelier, spécialiste de l’histoire franco-belge du 19e siècle à la Grande Guerre, débute l’ouvrage avec un chapitre consacré à « la refonte de l’armée belge et la création du complexe militaro-industriel du Havre ». Le choix de placer en premier lieu le travail de Jean-Pierre Popelier est judicieux car il permet au cours des premières pages de retracer l’avancée de l’armée allemande dans le territoire belge et d’établir sa corrélation avec l’exode des populations belges. À travers une bibliographie étoffée et les archives municipales du Havre, l’auteur entremêle histoire militaire et histoire politique dans le cadre de ses recherches sur l’histoire du complexe militaro-industriel et enrichit la recherche peu développée sur ce sujet.

Tendant vers une approche micro-historique, Jacques Ganty, walcourien passionné d’histoire locale, nous entretient sur les « réfugiés belges de la région de Thy-le-Château, en France, à Bonnières-sur-Seine et Bennecourt » évoquant le parcours des thyrocastellopolitains de l’exode au retour en passant par la vie des exilés dans ces communes, au travers de carnets de guerre et de travaux locaux sur la Grande Guerre. Parfois quelque peu factuel, ce chapitre permet de découvrir les initiatives mises en place pour venir en aide aux Belges ainsi que leur vie quotidienne. Jacques Ganty termine sa contribution en donnant au lecteur un avant-gout du chapitre de Mélodie Brassinne, qui, à l’inverse du précédent chapitre, évoque cette fois l’accueil à Thy-le-Château, dès 1917, des Lensois évacués par les forces allemandes.

C’est sans surprise que Jean-Philippe Préaux, logisticien militaire et spécialiste de l’intendance des troupes belges durant la Grande Guerre, met ses connaissances au service des « intendances en exil en France ». En une dizaine de pages, par la synthèse de différents ouvrages existant sur le sujet, ce troisième chapitre fait découvrir, l’histoire et le fonctionnement de l’intendance belge et du ravitaillement en vivres durant la Grande Guerre. L’auteur laisse cependant encore de nombreuses pistes à explorer sur le sujet.

Dans le quatrième chapitre, Isabelle Kaanen-Vandenbulcke, docteure en histoire et spécialiste de l’immigration belge en Normandie, aborde le sort des réfugiés belges du Westhoek accueillis par les paysans flamands de la Durdent, zone rurale de Seine-Maritime. À partir de différentes archives des Archives Départementales de la Seine-Maritime et de différents ouvrages de synthèses, après avoir retracé l’histoire des populations belges dans cette région française, l’auteur dépeint successivement l’organisation des aides destinées aux Belges, le travail de ces populations, la création d’écoles belges et la vie quotidienne dans ces terres d’exil. Elle conclut en s’intéressant au retour des réfugiés en Belgique en prêtant une attention particulière aux difficultés s’y afférant ainsi qu’aux réfugiés ayant décidé d’émigrer définitivement en territoire français.

C’est ensuite au tour d’Alain Lelièvre, historien local passionné par les colonies d’enfants belges du pays de Caux, d’exposer son travail sur les colonies scolaires belges en France de 1915 à 1919. Partie également plus factuelle se basant sur divers ouvrages et articles, l’auteur décrit tout d’abord la gestion des réfugiés par le gouvernement belge en exil pour ensuite illustrer par différents exemples la création, les objectifs et la gestion quotidienne de ces colonies accueillant les enfants belges, pour la plupart séparés de leur famille.

Lara Loose, guide et archiviste aux archives de la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil, et Patrick Loodts, médecin belge spécialisé dans l’histoire de sa discipline durant la Grande Guerre, s’intéressent pour leur part aux « “réfugiés obligés”, malades de la typhoïde ». Recourant aux fonds des Archives générales du Royaume, à celles de La Chartreuse, à une interview de descendant d’un médecin y ayant exercé ainsi qu’au carnet de guerre d’une infirmière, Lara Loose et Patrick Loodts mêlent expertise archivistique et médicale pour étudier le sort des réfugiés belges dans l’hôpital de Neuville-sous-Montreuil. Très riche en photos, ce chapitre s’enrichit de destins de guerre de famille ou d’acteurs qui donnent vie au récit. L’excellent travail interdisciplinaire mené par Lara Loose et Patrick Loodts est à saluer.

Pour l’avant-dernier chapitre, Isabelle Masson-Loodts, archéologue, auteure et journaliste, use de sa formation d’archéologue et de son excellente plume pour traiter des traces des exilés civils belges en France et plus particulièrement en Normandie, faisant ainsi le lien avec le chapitre précédent. Entre archéologie et mémoire, cette partie nous guide, au travers de nombreuses illustrations, sur la piste de ces populations. Se focalisant d’abord sur les traces des exilés belges, l’auteure étudie les vestiges matériels de leur passage tels que les cimetières, statuaires, boites aux lettres et monuments aux morts en Normandie et dans la région du Havre. Dans un second temps, Isabelle Masson-Loodts évoque l’engagement social des populations locales vis-à-vis des populations locales et sa signification ainsi que le long oubli par l’historiographie belge de ces Belges de l’extérieur.

Le livre se clôt par un focus sur le phénomène inversé de l’accueil des réfugiés français en Belgique et plus particulièrement dans les provinces de Namur et Liège. De l’exode au retour en passant par les difficultés de la vie quotidienne, Mélodie Brassinne, historienne à la Cellule du Patrimoine à Namur, nous plonge dans l’histoire sociale de ces masses françaises exilées par le biais de sources plus institutionnelles, comme celles du Comité National de Secours et d’Alimentation, de fonds d’archives communaux, mais également de riches témoignages provenant des archives ecclésiastiques.

Bien que l’ouvrage permette de couvrir un nombre importants d’aspects relatifs à la vie des réfugiés dans l’hexagone, nous aurions aimé compter, à la place d’un préambule, une introduction plus conséquente replaçant l’ouvrage dans l’historiographie du sujet. Nous regrettons également l’absence d’une conclusion. Ils auraient de cette manière pu donner une bonne ligne de conduite à l’ouvrage, évitant un effet de compilation et offrant un réel fil rouge. On pourra également remarquer une qualité inégale dans les différents chapitres en particulier dans le manque de recours à des sources primaires. Mais face à ces inconvénients, la mobilisation très réussie de thèmes d’une grande richesse et de méthodes permet d’aiguiser la curiosité et passionner le lecteur tout au long de l’ouvrage, qui ouvre par ailleurs de nombreuses perspectives de recherche sur une thématique encore trop peu étudiée. La riche iconographie parsemant les huit chapitres provenant de nombreux fonds d’archives permet de façon très pertinente d’agrémenter le texte en offrant un côté plus « humain » à ces masses parfois impersonnelles d’exilés.

- Guillaume Vaneukem

Referenties

  1. Amara, Michaël, Des Belges à l’épreuve de l’exil. Les réfugiés de la Première Guerre mondiale en France, en Angleterre et aux Pays-Bas (Bruxelles: ULB, 2014 [2008]).