×

Message d'erreur

  • Warning : Illegal string offset 'header' dans bvng_publicatie_header_view() (ligne 797 dans /home/spinternet.be/users/contemporanea/public_html/sites/all/modules/custom/akapivo/bvng/bvng.module).
  • Notice : Array to string conversion dans bvng_publicatie_header_view() (ligne 797 dans /home/spinternet.be/users/contemporanea/public_html/sites/all/modules/custom/akapivo/bvng/bvng.module).
  • Warning : Illegal string offset 'header' dans bvng_publicatie_header_view() (ligne 807 dans /home/spinternet.be/users/contemporanea/public_html/sites/all/modules/custom/akapivo/bvng/bvng.module).
  • Notice : Array to string conversion dans bvng_publicatie_header_view() (ligne 807 dans /home/spinternet.be/users/contemporanea/public_html/sites/all/modules/custom/akapivo/bvng/bvng.module).

Des mouvements sociaux sous la loupe médiatique : un dédale pour l’historien ?

Alexandra Micciche, ULB – Unamur

Le 2 janvier 2019, Eric Drouet, l’une des figures les plus emblématiques des Gilets jaunes en France, est interpellé lors d’une manifestation non autorisée sur les Champs Elysées à Paris. Relaxé le lendemain, le militant avoue sans détour sur les réseaux sociaux avoir orchestré cette arrestation à des fins médiatiques : « Il faut jouer des médias, comme eux [les membres du gouvernement], ils arrivent à jouer des médias contre nous ». Cette courte déclaration rend compte des rapports ambivalents qu’entretient ce mouvement avec les médias depuis le début de ses actions en décembre 2018. La défiance des Gilets Jaunes envers le « quatrième pouvoir » a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre au sein des mondes médiatique et scientifique, quelque peu médusés par l’expression souvent brutale de cette détestation.

Un an après les premières actions, le politologue Benjamin Ferron propose même, en paraphrasant le politiste Laurent Jeanpierre1, de tirer les leçons médiatiques des ronds-points. Il constate que le jeu médiatique ne vaut pas nécessairement la chandelle pour les mouvements sociaux qui s’y engagent. D’une part, parce que les médias véhiculent souvent une image négative des mouvements sociaux. D’autre part, parce que la recherche d’une visibilité médiatique peut créer une concurrence contre-productive entre les différents mouvements. Ce faisant, Ferron va à l’encontre d’une idée largement répandue selon laquelle la maîtrise par les acteurs de la communication entourant leurs actions sous-tend la réussite de toute action collective2.

En s’attaquant à ce truisme qu’est devenue la quête de visibilité médiatique, le politologue révèle en creux le caractère caricatural accolé aux rapports entre médias et sociétés civiles. Interroger l’interdépendance médias-mouvements sociaux, c’est bien souvent se confronter à une vision manichéenne des médias. D’aucuns les voient comme de simples miroirs qui reflèteraient uniquement les sociétés desquelles ils émanent. D’autres les considèrent, au contraire, comme de véritables démiurges capables des pires manipulations. Deux visions antagonistes qui font l’impasse sur toute la complexité en jeu dans les nombreuses intrications se cachant derrière la représentation médiatique d’une mobilisation.

André Wynen interviewé lors de la grève des médecins d’avril 1964, image non datée diffusée dans Les Années Belges, RTBF, 31/03/1998 (Archives Sonuma).

La question n’a pas attendu le mouvement des Gilets Jaunes pour être posée. Elle fait l’objet de recherches fécondes de politologues, sociologues et chercheurs en sciences de la communication depuis une vingtaine d’années. Par contre, elle a souvent été éludée par les historiens. Ces derniers semblent éprouver beaucoup plus de peine que leurs collègues chercheurs en sciences sociales à dépasser certains écueils. Ceux-ci sont multiples et se rapportent tant à l’étude des médias qu’à celle des mouvements.

En ce qui concerne le premier champ, il a pâti, entre autres, de la fascination des politiques et de forces extérieures aux cercles académiques (professionnels de la communication, lobbies, etc.). De ce fait, les médias ont longtemps constitué un objet d’étude peu attractif aux yeux des scientifiques3. On est évidemment loin du désert historiographique auquel étaient confrontés les historiens dans les années quatre-vingt. Les médias ont fait l’objet de nombreux travaux au tournant du 21ème siècle4. Mais comme Jean-Noël Jeanneney le fait remarquer à propos de ce « foisonnement » dans la cinquième édition d’un des ouvrages incontournables dans le domaine, « il serait imprudent de se laisser emporter trop loin par l’allégresse d’une curiosité spontanée sans prendre aussitôt la mesure des difficultés particulières de l’étude »5. Elles sont nombreuses et subsistent effectivement toujours. Anne Roekens a évoqué ces entraves posées à leur exploration dans un précédent numéro de Contemporanea. Ses observations portaient plus spécifiquement sur la télévision en Belgique mais sont valables pour l’ensemble des médias : « La nécessaire maîtrise d’outils analytiques des sciences de la communication, le poids des jugements de valeur à l’égard d’un objet de recherche peu légitime, les considérables écueils heuristiques » freinent encore aujourd’hui le développement des recherches6.

L’histoire des mouvements sociaux est frappée par des maux comparables. Par son caractère populaire, elle est également victime de nombreux jugements de valeurs et a dû s’affranchir d’une histoire politique classique. Sur ce terrain, les historiens doivent également faire face à de nombreux défis méthodologiques et heuristiques. Qu’est-ce qu’un « mouvement social » en tant que tel ? Par le biais de quelles sources (celles émanant du « bas » ou du « haut » ?) appréhender au mieux, le plus impartialement possible, les mouvements sociaux ? Comment mesurer l’effectivité d’un mouvement social sur l’opinion publique ou encore sa représentativité ? Autant de questions dont les politologues ou les sociologues se sont davantage emparés à partir des années soixante, avantagés par la légitimité d’une approche immersive et participative7. Les historiens, s’ils souhaitent investir ce champ de recherche, doivent dès lors composer avec toute une série de concepts théoriques, d’études fleuves aux ambitions généralisantes, téléologiques et conceptuelles dont l’appropriation peut s’avérer laborieuse tant elle les oblige à sortir de leur zone de confort, à aller à l’encontre de leur « vertu heuristique »8.

La question des rapports entre médias et mouvements sociaux constitue donc un objet transdisciplinaire qui s’inscrit dans des champs de recherche souffrant encore d’un certain manque de considération. Néanmoins, son intérêt est indéniable et une approche historique, rétrospective, de l’interdépendance entre médias et mouvements sociaux apparaît essentielle tant la mise en perspective diachronique de ce phénomène se révèle justement porteuse de nuances. C’est d’ailleurs en s’appuyant sur des études (socio-)historiques de Christophe Charle ou de Charles Tilly que Benjamin Ferron démontre le caractère surfait de cette quête médiatique : elle n’a pas toujours constitué une panacée au cours de l’histoire9. Et le caractère inédit de l’aversion des Gilets Jaunes pour les médias peut également être relativisé en adoptant une perspective historique tel que l’ont fait Claire Blandin ou Alexis Lévrier. Ces derniers démontrent, eux aussi, la nécessité d’une (re)contextualisation des discours médiatiques.

Loin de constituer une étude exhaustive de la littérature qui s’est développée autour de la question des interdépendances entre médias et mouvements sociaux, cette contribution entend présenter les grands jalons de ce champ d’étude qui oscille entre sociologie, sciences politiques et histoire. Elle épingle les travaux incontournables qui peuvent nourrir les réflexions des historiens intéressés par la problématique.

L’arrivée de ce questionnement sur le devant de la scène, à partir des années soixante, est intimement liée au contexte de l’époque. Les « nouveaux mouvements sociaux » qui éclosent durant cette décennie agitée inspirent de nombreux chercheurs. Une multitude de travaux dans le domaine des sciences politiques et de la sociologie paraissent alors. L’abondance de ces analyses oblige les chercheurs à se spécialiser, à choisir une perspective particulière. La médiatisation constituera le point focal de plusieurs d’entre eux, dans un contexte marqué par de profondes mutations du paysage médiatique mondial (l’émergence de la télévision en tant que média de masse par excellence, l’apparition de médias alternatifs comme les radios libres se positionnant contre les médias traditionnels, etc.)10. Parmi les travaux précurseurs, on peut citer ceux de James Holloran, Philippe Murdock, Graham Murdoch ou encore d’Harvey Molotch qui ont mis en exergue le traitement médiatique négatif dont certains mouvements ont fait l’objet11.

D’autres investigations aux États-Unis – elles sont souvent le fait d’une série de chercheurs qui étaient étudiants dans les années soixante et qui participèrent aux mouvements estudiantins – ont pris le temps de maturer et ont abouti à un véritable renouvellement de l’étude des mouvements sociaux dans les années quatre-vingt12. L’une des figures clés de cette nouvelle génération est Todd Gitlin qui, avec son ouvrage-phare The Whole World is Watching: Mass Media in the Making and Unmaking of the New Left (1980), fournit aux chercheurs un cadre d’analyse des plus structurants. En se centrant sur la relation entre le Students for a Democratic Society (SDS) et les médias, le sociologue propose en effet une série de réflexions fécondes. Elles permettent d’approcher avec nuance ce que Gitlin appelle la « symbiose conflictuelle » entre un mouvement et les médias, c’est-à-dire, la difficile convergence des images d’un mouvement que les médias véhiculent, d’une part, et que le mouvement en question entend véhiculer, d’autre part. La rencontre de ces aspirations provoque des effets sur la représentation d’un mouvement social, son recrutement, son leadership, son organisation et sur son succès ou son échec13.

Défilé du 1er Mai en 1966 à Bruxelles - BRT, JT, 1/05/1966 (VRT-Archief).

Dans le monde francophone, l’un des premiers intellectuels à démontrer, comme Gitlin, le caractère co-construit de la représentation médiatique des mouvements sociaux est le sociologue Patrick Champagne qui évolue dans le sillage de Pierre Bourdieu. C’est dans le prolongement de ses recherches sur la paysannerie française et sur les incidences des sondages sur la pratique journalistique qu’il va théoriser un des concepts fondateurs de ce champ d’étude, celui de la « manifestation de papier ». À partir de l’analyse de manifestations d’agriculteurs dans les années quatre-vingt et nonante, Champagne observe une banalisation de la recherche de l’attention médiatique. Aux yeux du sociologue, la standardisation des stratégies de communication qui sont destinées aux médias est telle qu’il existe même des manifestations dont le seul objectif est d’« agir sur les journalistes afin d’occuper l’espace médiatique dans le but de déclencher les prises de position des différents agents qui cherchent à peser sur l’“opinion publique” et par là sur le pouvoir »14. Cette notion de « manifestation de papier » provoque alors autant d’enthousiasme que de perplexité. Ainsi, le politologue Pierre Favre s’est très vite opposé à la généralisation qui occulterait l’objectif premier, selon lui, d’une manifestation : montrer qu’on existe mais voir aussi que les autres manifestants existent. Toutefois, l’apport de Champagne, en actant l’existence de stratégies orientées vers les médias et en démontrant la dimension « associés-rivaux » qui caractérise les relations entre militants et journalistes, est indéniable comme le met en exergue Erik Neveu15.

Ce dernier est, avec Champagne, le spécialiste francophone de la question de la médiatisation. Dès la fin des années nonante, il s’attèle à synthétiser les recherches dans le domaine tout en interrogeant de manière critique les grands cadres théoriques faisant autorité dans un numéro spécial de la revue Réseaux. Communication, technologie et société qui fait date16. Il y démontre toute la complexité qui caractérise l’interdépendance médias-mouvements sociaux. Insistant sur le caractère co-construit des objets médiatiques, il parvient à déjouer la vision simplificatrice d’une couverture systématiquement défavorable des mobilisations. Par ailleurs, il insiste sur la nécessaire prise en compte de l’impact des spécificités du travail journalistique et du rôle joué aussi par certains intermédiaires (police, experts en communication, contre-mouvement) dans leurs représentations médiatiques. Ces réflexions centrées sur la perte d’autonomie médiatique des mouvements sociaux et, plus récemment, sur la reconquête de leur indépendance via internet, nourriront assurément les recherches futures17.

Les recherches en sociologie politique, si elles constituent un socle théorique solide, omettent toutefois quelques facettes importantes. C’est le cas de l’aspect sémiologique qui, il est vrai, s’inscrit davantage dans les domaines d’expertise des chercheurs en communication. Guy Lochard et Henri Boyer sont parmi les premiers à parvenir à allier analyses sémiologique et sociologique dans une étude consacrée à la télévisualisation des mobilisations dans les banlieues françaises entre 1950-199418. De plus, en rendant compte du poids des figures stéréotypiques et des dispositifs médiatiques, cette recherche, par l’attention particulière portée à la source audiovisuelle et la perspective diachronique adoptée, constitue une grille de lecture essentielle pour les chercheurs souhaitant remonter le cours du temps.

On l’a dit : les historiens ont été moins prolifiques que leurs collègues en sciences sociales sur cette relation ambivalente qui unit médias et mouvements sociaux. Une des premières incursions date de 1982. Jérôme Bourdon, en se concentrant sur la représentation d’une série de grèves aux quatre coins du monde19, jette les bases d’une méthodologie qui emprunte inévitablement à d’autres disciplines en insistant sur l’importance de l’analyse du vocabulaire télévisuel (image, séquences, interviews, etc.). Elle s’avère néanmoins proprement historienne par son approche contextualisante qui met au jour « la fabrique » des images télévisuelles. Il faut néanmoins attendre les années deux mille – deux mille dix pour réellement voir émerger une série d’études qui s’inscrivent dans son prolongement. En 2008, Olivier Fillieule et Danielle Tartakowsky abordent, dans leur synthèse consacrée à la manifestation, la médiatisation de cette forme d’expression politique en faisant converger les approches sociologique et historique. En 2011 paraît, sous la direction de J.D.H. Downing, une encyclopédie qui répertorie au niveau mondial des centaines de mouvements sociaux et leurs usages des médias et qui fait la part belle à l’aspect diachronique. Quelques années plus tard, deux colloques, l’un organisé à l’Université de Versailles et l’autre à l’UNamur, se sont intéressés à la question du recours aux images dans le contexte de l’action collective durant l’époque contemporaine20.

Plus récemment, des études de cas éclairantes quant à l’« agency » des discours médiatiques et aux rôles joués par les acteurs impliqués dans le processus de production ont fleuri. On peut ainsi citer les études de cas de Richard Legay et d’Olli Kleemola consacrées à Mai 1968 ou encore des recherches récentes sur la médiatisation du syndicat Solidarność. Enfin, il convient également d’épingler les deux derniers numéros de la revue pilotée par la défricheuse et incontournable Société pour l’histoire des médias qui s’intéressent, d’une part, à la médiatisation des mobilisations politiques internationales et, d’autre part, à celle des luttes sociales21. Formant un tout cohérent, ces contributions assoient la pertinence des concepts forgés par les chercheurs depuis les années soixante (banalisation et amplification des stratégies de communication, co-responsabilité des médias et des militants dans la représentation médiatique, etc.) tout en sertissant la matière médiatique dans ses contextes de production et de réception. C’est à ce niveau que les historiens peuvent apporter leur pierre à l’édifice. En accordant leur attention, similairement, à l’archive et aux sociétés dans laquelle elle s’inscrit, leur approche se situe au carrefour des analyses interne et externe. Elle révèle l’extrême porosité de la frontière qui sépare ces deux types d’analyse alors que dans d’autres disciplines, elle est souvent apparue comme infranchissable22.

Prises dans leur ensemble, les recherches exposées ici forment un terreau fertile. Elles invitent les historiens à prendre conscience des multiples enjeux entourant la problématique des interdépendances entre médias et mouvements sociaux qui est loin d’être épuisée. Force est de constater effectivement que peu d’études se déploient dans le temps long et si les études de cas se multiplient, très peu adoptent une perspective comparative. Dans quelle mesure les médiatisations d’une mobilisation peuvent-elles être influencées par celles de mouvements qui l’ont précédées ? Quelles conséquences la médiatisation d’une mobilisation étrangère peut-elle avoir sur la manière dont des journalistes couvrent une mobilisation qui a lieu dans le même temps dans leur propre pays ? Dans quelle mesure le contexte institutionnel ou politique a-t-il un impact sur le cadrage d’une mobilisation ? Un riche questionnement auquel l’exploration du cas belge, et, plus particulièrement, l’étude des rapports entre mouvements sociaux et télévisions belges durant la deuxième moitié du 20ème siècle, permet d’apporter un éclairage inédit23. Par son organisation communautaire basée sur des influences culturelles diverses et parfois clivantes, le paysage télévisuel belge offre un champ d’investigation pertinent pour mesurer finement les effets d’un contexte médiatique et politique morcelé sur la couverture des mouvements sociaux et appuyer le caractère co-construit des discours médiatiques. L’espace belge ne constitue évidemment qu’un exemple parmi tant d’autres. Il reste de nombreux autres terrains à défricher. Cependant, leur exploration ne sera possible que lorsque les sources médiatiques recevront enfin de la part des historiens toute l’attention qu’elles méritent.

Manifestation lors de la grève des femmes de la FN de 1966, image non datée diffusée dans Histories, VRT, 25/11/2004 (VRT-Archief).

- Alexandra Micciche

Webreferenties

  1. « Il faut jouer des médias, comme eux [les membres du gouvernement], ils arrivent à jouer des médias contre nous »: https://www.europe1.fr/societe/il-faut-jouer-des-medias-eric-drouet-a-t-il-reussi-un-coup-de-com-avec-son-interpellation-3832493
  2. Il constate que le jeu médiatique ne vaut pas nécessairement la chandelle pour les mouvements sociaux qui s’y engagent: http://theconversation.com/mouvements-sociaux-le-jeu-mediatique-en-vaut-il-la-chandelle-128139
  3. Anne Roekens a évoqué ces entraves posées à leur exploration dans un précédent numéro de Contemporanea: http://www.contemporanea.be/fr/article/20183-review-fr-anne-roekens
  4. Claire Blandin: http://larevuedesmedias.ina.fr/les-trois-visages-de-la-detestation-des-journalistes
  5. Alexis Lévrier: http://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/12/gilets-jaunes-la-haine-des-medias-n-a-rien-d-inedit_5408096_3232.html

Références

  1. Jeanpierre, Laurent, « In girum ». Les leçons politiques des ronds-points (Paris : La Découverte, 2019).
  2. Granjon, Fabien, « Média », dans : Fillieule, Olivier, Mathieu Lilian, Péchu, Cécile (dir.), Dictionnaire des mouvements sociaux (Paris : Sciences Po. Les Presses, 2009), 349.
  3. Downing, John D.H. et McQuail, Denis (eds.), The Sage Handbook of Media Studies (Thousand Oaks: Sage, 2004), 2.
  4. Arnold, Klaus, Paschal Preston et Kinnebrock, Susanne (eds.), The Handbook of European Communication History (Hoboken: Wiley Blackwell, 2020), 1-2.
  5. Jeanneney, Jean-Noël, Une histoire des médias : des origines à nos jours (Paris : Editions du Seuil, 5ème édition, 2015), 8.
  6. En ce qui concerne les défis posés par l’histoire des médias, voir également : Blandin, Claire, Robinet, François et Schafer, Valérie (dir.), Penser l’histoire des médias (Paris : CNRS Éditions, 2019).
  7. Voir e.a.: Gusfield, Joseph, Symbolic Crusade: Status Politics and the American Temperance Movement (Urbana: University of Illinois Press, 1963); Gurr, Ted Robert, Why Men Rebel (Princeton: Princeton University Press, 1970); Gamson, William, The Strategy of Social Protest (Belmont: Wadsworth Publications, 1975); Tilly, Charles, From Mobilization to Revolution (Reading : Addison-Wesley, 1976) ; Touraine, Alain, La voix et le regard (Paris: Seuil, 1978) ; Mellucci, Alberto, L’invenzione del presente. Movimenti sociali nella societa complesse (Bologne: Il Mulino, 1982); Neveu, Erik, Sociologie des mouvements sociaux (Paris ; La Découverte, 1ère édition, 1996). Certains mouvements ont provoqué de véritables controverses au sein de la communauté des sociologues et des politologues. Elles ont abouti à des prises de positions publiques et ont participé à un renouvellement de ces disciplines. C’est le cas, par exemple, des grèves de 1995 contre le Plan Juppé en France qui ont vu s’opposer, entre autres, les sociologues Alain Touraine et Pierre Bourdieu autour de la question de la définition d’un mouvement social. Le mouvement des Gilets jaunes est également à l’origine de nombreuses dissensions en ce qui concerne cette question ainsi que celle de la représentativité d’un mouvement](https://www.franceculture.fr/sociologie/racisme-de-classe-ou-conflit-mesquin-face-aux-gilets-jaunes-les-fantomes-de-1995). Pour ce qui est des travaux d’historiens, voir e.a. : Pigenet, Michel et Tartakowsky, Danielle, Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours (Paris : La Découverte, 2012) ; Berger, Stefan et Nehring, Holger (eds.), The History of Social Movements in Global Perspective. A Survey (London : Palgrave Macmillan, 2017). Concernant les questions méthodologiques, les choix heuristiques et les biais induits par l’analyse de certaines sources (presse, registres de police, interviews de militants, etc.), voir e.a.: Fillieule, Olivier, Stratégies de la rue (Paris : Presses de Science Po, 1997) ; Idem, « On n’y voit rien. Le recours aux sources de presse pour l’analyse des mobilisations protestataires », dans : Favre, Pierre, Fillieule, Olivier, et Jobard, Fabien, L’atelier du politiste. Théories, actions, representations (Paris: La Découverte, 2007), 215-240; Olzak, Suzanne, « Analysis of events in the study of collective action », Annual Review of Sociology, 15:1 (1989), 119-141; Mueller, Carol, « Media Measurement Models of Protest Event Data », Mobilization, 2:2 (1997), 165-184; Tilly, Charles, « Describing, Measuring and Explaining Struggle », Qualitative Sociology, 31:1 (2008), 1-13; Combes, Hélène et al., « Observer les mobilisations. Retour sur les ficelles du métier de sociologue des mouvements sociaux », Politix, 93 :1 (2011), 7-27. En ce qui concerne la Belgique, voir : Hellemans, Staf et Hooghe, Marc (dir.), Van « Mei 68 » tot « Hand in Hand ». De geschiedenis van de nieuwe sociale bewegingen in België, 1965-1995 (Louvain: Garant, 1995); Faniel, Jean, Gobin, Corinne et Paternotte, David (dir.), Se mobiliser en Belgique. Raisons, cadres et formes de la contestation contemporaine (Bruxelles : L’Harmattan, 2020).
  8. Offerlé, Michel, « Histoire de protestations », dans : Agrikoliansky, Éric, Sommier, Isabelle et Fillieule, Olivier (dir.), Penser les mouvements sociaux (Paris : La découverte, 2010), 274.
  9. Charle, Christophe, Le siècle de la presse (Paris : Editions du Seuil, 2004) ; Tilly, Charles, La France conteste : de 1600 à nos jours (Paris : Fayard, 1986).
  10. Neveu, Erik, « Médias, mouvements sociaux, espaces publics », Réseaux. Communication, technologie et société, 98 (1999), 9-10, 21-24.
  11. Halloran, John D., Elliott, Philip et Murdock, Graham, Demonstrations and communication: a case study (Harmondsworth: Penguin books, 1970). Molotch, Harvey, « Media and movements », dans: Zald, Mayer et McCarthy, John (eds.), The dynamics of Social Movements. Resource Mobilization, Social Control and Tactics (Cambridge: Winthrop Pub, 1977), p. 71-93.
  12. Les travaux du sociologue américain William Gamson consacrés à l’influence des médias sur l’opinion publique et sur le recours à l’action collective constituent également des contributions essentielles. Voir e.a. : Gamson, William et Modigliani, André, « Media Discours and Public Opinion on Nuclear Power: a Constructionist Approach », American Journal of Sociology, 95:1 (1989), 1-37; Gamson, William, Talking politics (Cambridge: Cambridge University Press, 1992).
  13. Gitlin, Todd, The Whole World is Watching: Mass Media in the Making and Unmaking of the New Left (Berkeley: University of California Press, 1980).
  14. Champagne, Patrick, Faire l’opinion : le nouveau jeu politique (Paris : Minuit, 2ème édition, 2015), 339.
  15. Neveu, Erik, « Médias, mouvements sociaux, espaces publics », Réseaux. Communication, technologie et société, 98 (1999), 32-33.
  16. Ibidem, 21-77.
  17. Idem, « Médias et protestation collective », dans : Agrikoliansky, Éric, Sommier, Isabelle et Fillieule, Olivier (dir.), Penser les mouvements sociaux (Paris : La Découverte, 2010), 245-264.
  18. Boyer, Henri et Lochard, Guy, Scènes de télévision en banlieues. 1950-1994 (Paris : L’Harmattan, 1998) ; Neveu, Erik, « Médias, mouvements sociaux, espaces publics », Réseaux. Communication, technologie et société, 98 (1999), 37.
  19. Jérôme Bourdon se base entre autres, pour son analyse, sur deux exemples belges : la grève générale de l’hiver 1960-1961 et la grève des femmes de la FN d’Herstal de 1966. Bourdon, Jérôme, « Histoire de grèves », dans : Jeanneney, Noël et Sauvage, Monique, Télévision, nouvelle mémoire. Les magazines de grand reportage, 1959-1968 (Paris : Institut national d’audiovisuel - Seuil, 1982), 169-188.
  20. Fillieule, Olivier et Tartakowsky, Danielle, « La manifestation dans l’espace public », dans : La manifestation (Paris : Presses de Sciences Po, 2008), 139-174 ; Downing, John D.H (ed.), Encyclopedia of Social Movement (Los Angeles : Sage Publications, 2011) ; Bondon, Anne-Claire et Leu, Philipp, L’image contestataire. Les pouvoirs à l’épreuve de la culture visuelle (s.l. : éditions numériques du CHCSC, 2016) ; Rochet, Bénédicte, Bettens, Ludo, Gillet, Florence, Machiels, Christine et Roekens, Anne, Quand l’image (dé)mobilise. Iconographie et mouvements sociaux au XXème siècle (Namur : Presses Universitaires de Namur, 2015).
  21. Legay, Richard, « The Role Of Commercial Radios Stations in the Media Vaccum Of Mai 68 in Paris », View Journal of European Television History and Culture, 6:12 (2017), 1-11 ; Kleemola, Olli, « The Visual Narrative of Student Radicalism in Finland. The 1968 occupation of the Old Sudent House in the Finnish Media », Media History, 27:1 (2019), 86-105 ; Szczepanska, Ania, Une histoire visuelle de Solidarność (Paris: Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2021) ; Matul, Katarzyna, « Au-delà des frontières. La campagne graphique de Solidarność », Le Temps des médias, 33 : 2 (2019), 104-120 ; Voir les numéros spéciaux de cette revue : « Solidarités ! Mobilisations politiques internationales », Le Temps des médias, 33 : 2 (2019) ; « Travailleurs, travailleuses ! », Le Temps des médias, 34 : 1 (2020).
  22. Face aux critiques de Patrick Champagne concernant les biais découlant de l’analyse interne, Erik Neveu a plaidé pour une réconciliation de ces deux approches. Champagne, Patrick, « Qui a gagné ? Analyse externe et analyse interne des débats politiques à la télévision », Mots. Les Langages du politique, 20 (1989), 5-22. Neveu, Erik, « Médias, mouvements sociaux, espaces publics », Réseaux. Communication, technologie et société, 98 (1999), 38.
  23. Dans sa thèse de doctorat consacrée à la RTB(F), Flore Plisnier met en exergue les défis posés par certains mouvements, comme la grève des médecins de 1964 ou les grèves du Limbourg de 1970, en termes de couverture médiatique. Plisnier, Flore, Une histoire de la radiodiffusion-télévision francophone belge de 1960 à 1977 : entre pluralisme, autonomie culturelle et tutelle politique (Bruxelles : Archives Générales du Royaume, 2018).