Le fonds René Klutz : un pacifiste liégeois

Camille Baillargeon, Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale

Le Fonds René Klutz, entré à l’IHOES en deux versements, totalise 8,7 mètres linéaires couvrant la période 1914-1997. Aux 72 boîtes d’archives papier (principalement 1946-1996) s’ajoutent plus de 300 photographies personnelles, quelques objets, affiches et périodiques.

Dans la notice qu’il lui consacre dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier en Belgique1, Jules Pirlot rappelle que René Klutz (Hollogne-aux-Pierres, 1909 – Liège, 2002) fut « enseignant, militant communiste, résistant, syndicaliste, pacifiste », ajoutant qu’il est surtout « connu à Liège comme l’homme de la paix2». C’est cet aspect de son engagement qu’illustre l’essentiel du fonds, qui éclaire l’action des associations pacifistes auxquelles Klutz a étroitement collaboré. D’abord, la régionale liégeoise de l’Union belge pour la défense de la paix (UBDP), mouvement pluraliste né en 1949 qu’il participe à mettre sur pied et qu’il anime pendant plusieurs décennies3, suivie de l’Union liégeoise pour la défense de la paix (ULDP) qu’il fonde en 1985. Mais aussi, en parallèle, d’autres regroupements dont le Rassemblement liégeois pour la paix au Vietnam (RLPV) qui devient en 1972 le Rassemblement liégeois pour la paix (RLP).

Consultation de l’UBDP contre les bases allemandes en Belgique, photographie, 1961. Coll. IHOES (Seraing), Fonds R. Klutz.

Structurée de manière chronologique par Klutz, qui assumait généralement le rôle de secrétaire de ces associations, cette série regroupe du courrier entrant, des archives administratives et des documents faisant écho aux campagnes, actions et initiatives diverses menées par celles-ci ou par d’autres acteurs de la lutte pour la paix (Comité du 8 mai, CNAPD, etc.). Elle couvre plus de trente-cinq ans de luttes pacifistes (1961-1996) : pour le désarmement nucléaire (marches antiatomiques, manifestations anti-missiles), contre la guerre du Vietnam et les velléités impérialistes, en soutien aux peuples opprimés d’Afrique ou d’Amérique latine, en opposition aux dictatures européennes (Espagne, Portugal, Grèce), etc. Des photographies illustrent de manière complémentaire certaines de ces actions (consultations populaires, manifestations et rassemblements, festivals internationaux etc.

Départ en train pour le Festival de la paix de Berlin, photographie, 1951. Coll. IHOES (Seraing), Fonds R. Klutz.

À côté de cet ensemble, les archives traitent également de l’implication de Klutz au sein d’associations du quartier du Laveu à Liège, notamment au sein du comité scolaire (à partir de 1946). Les archives donnent un aperçu des activités et des positions du Comité, notamment en faveur de l’école officielle dont Klutz était un ardent défenseur. Une série d’archives regroupe enfin des papiers personnels dont ses agendas personnels (1975-1996), des papiers d’identité et des cartes d’affiliation.

Les photographies dévoilent des versants de la biographie de René Klutz quasi absents des archives papier (activités dans la Résistance4, engagement au sein du Parti communiste de Belgique, etc.). Quelques-unes nous rappellent ses jeunes années de formation et son métier d’enseignant. Plusieurs éclairent sa généalogie familiale et celle de sa première femme, des clichés rappelant les liens de son père, Henri Klutz, avec le mouvement mutualiste socialiste.

La communication de ce fonds est libre, sur rendez-vous, en s’adressant à : info@ihoes.be.

Références