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Interview de Paul Servais,

Quentin Jouan et Veerle Massin, UCL

En plus d’être professeur en histoire contemporaine, Paul Servais a été archiviste général à l’Université catholique de Louvain de 1998 à 2015. Sa carrière d’archiviste est bien plus étendue puisqu’il a été responsable des archives de l’hôpital universitaire Saint-Luc dès 1976. À l’occasion de son accession à l’éméritat, il nous parle de son métier, de ses expériences et de sa vision de l’avenir.

Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête des archives de l’UCL ?

Avant de diriger les archives de l’Université catholique de Louvain, j’ai d’abord été archiviste médical aux cliniques universitaires Saint-Luc, dès 1976. À la fin de mon doctorat (financé par le FNRS), mon promoteur de thèse, alors bibliothécaire en chef, m’a en effet orienté vers les cliniques universitaires qui cherchaient un archiviste. En tant qu’historien, j’étais bien entendu formé à l’utilisation des archives, mais pas à leur gestion. J’ai donc dû appréhender ce nouveau monde d’archiviste médical et de gestionnaire de dossiers médicaux. J’y ai appris beaucoup, aussi parce que les archives médicales sont des archives extrêmement actives. Au bout de quelques années, près de 60 personnes – du manutentionnaire au médecin – collaboraient avec le service. Les questions de classement, de communication et de secret médical, c’est-à-dire de gestion de l’information, y étaient centrales. En 1998, j’ai eu l’occasion de revenir à l’Université catholique de Louvain à temps plein en tant que professeur. L’Université connaissait mon expérience des archives et m’a alors demandé de reprendre la gestion des fonds et collections de l’Université – assurées jusque là par le Professeur d’Haenens. J’ai accepté cette proposition et j’y suis resté jusqu’à la fin de l’année 2015.

Les archives médicales : jusqu’à la fin des années 1970, personne n’était encore conscient de l’intérêt des archives médicales et les médecins les considéraient souvent comme leur propriété personnelle. Beaucoup de médecins sont partis avec leurs dossiers patients, appauvrissant inévitablement les « collections » des hôpitaux, qui ont de ce fait souvent des lacunes énormes. De nombreux professionnels de la santé sont bien mieux sensibilisés à cette question aujourd’hui, mais le manque de place implique encore des destructions d’archives importantes. Les historiens et les archivistes doivent travailler à la sauvegarde de ces archives.

Comment votre fonction a-t-elle évolué ?

Je suis arrivé au bon moment à l’UCL car jusque 1998, la question de la gestion des archives administratives (« vivantes ») de l’université ne se posait pas encore : le service des archives se consacrait uniquement aux archives patrimoniales. Mais les services administratifs de l’université commençaient à être saturés et à ne plus savoir que faire de leurs archives. Etant donné mon background en gestion des archives vivantes, la possibilité de prendre en charge la gestion des archives administratives de toute l’institution s’est imposée. Une petite équipe a dès lors été mise en place, qui s’est développée au fil des années. Le service des archives de l’UCL est composé de personnes extrêmement efficaces et compétentes. Cette équipe gère donc en parallèle les archives patrimoniales de l’université catholique de Louvain et toutes les archives administratives de l’institution.
Les archives patrimoniales de l’Université de Louvain ont en partie été détruites en 1914 et 1940 mais elles sont encore constituées de pièces d’exception qui sont pour la plupart, suite à l’accord de partage survenu au moment de la séparation, conservées à la KUL. Les membres de l’UCL y ont bien entendu accès. A partir de 1968 l’UCL a naturellement commencé à produire ses propres archives et à constituer de nouvelles collections notamment celle des cours manuscrits d’Ancien Régime. En la matière, les archives de l’UCL et de la KUL possèdent très probablement la plus belle collection de cours manuscrits anciens au monde.

Quels sont les visiteurs des archives de l’Université ?

Les archives de l’UCL ont un public classique d’étudiants (notamment en archivistique), de doctorants, d’historiens. Il arrive régulièrement que des membres du personnel de l’UCL demandent à consulter des papiers qui ont été versés par les services mais qui ont encore une utilité, juridique ou administrative. Enfin, certaines personnes qui ne sont pas directement concernées par l’Université sont intéressées par les archives de l’université : pour réaliser un documentaire, pour monter une exposition, pour retrouver des informations sur un ancêtre qui a été étudiant ou professeur à Louvain,… Les archives de l’Université ne font pas de « démarchage » auprès d’un potentiel public car ce n’est pas leur rôle, par contre elles ont une obligation de valorisation du patrimoine et de service auprès du public.

D’après vous, quels sont les grands défis pour l’avenir des archives de l’Université ?

Un service d’archives universitaires n’est pas un simple service d’archives et ses liens avec la recherche, la société, le monde académique et catholique impliquent des défis de taille. Les archives de l’Université subissent le contrecoup immédiat d’une production documentaire démultipliée au cours des dernières années. Le plus grand défi à relever est sans conteste l’intégration de la dématérialisation des archives. La dématérialisation, la digitalisation, la numérisation font désormais partie de la vie quotidienne de l’archiviste. Toutes les procédures classiques en matière d’archivistique doivent être repensées, par exemple : « comment assurer l’authenticité d’un document ? ».

Paul Servais, quels sont vos projets pour l’avenir ?

Je ne peux pas avoir été archiviste pendant quarante ans et m’arrêter subitement d’avoir des idées ou des projets en matière d’archives. Je travaille encore comme historien en étudiant des fonds anciens, je réfléchis encore à développer le métier d’archiviste, notamment sa fonction de médiateur et l’impact de l’innovation technologique sur ses pratiques. L’extension du concept d’archive et la professionnalisation du métier d’historien sont des questions qui m’intéressent encore au plus haut point. Je suis particulièrement influencé par ce qui se dit et se fait en Amérique du Nord, où j’ai développé de nombreux contacts au fil de ma carrière. La profession d’archiviste a un rayonnement international et il est important de le rappeler.

Merci à vous Paul Servais pour ce témoignage et cet éclairage nécessaire sur la profession d’archiviste.

- Quentin Jouan & Veerle Massin