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Le projet « Archives de Quarantaine », les archivistes au cœur de l’action

Virginien Horge, Archiviste de la Ville de Mons, et Marie-Laurence Dubois, Présidente de l’Association des archivistes francophones de Belgique et Consultante en archivage managérial chez Valorescence.

Début mars 2020, à l’heure où le Coronavirus envahit le quotidien de nombreux européens, plusieurs archivistes se questionnent sur les conséquences que ce virus a et aura sur les habitudes de chaque individu, sur l’organisation du travail, sur l’organisation des cours dans les universités, etc.

À l’instar des archivistes ayant collecté les traces d’évènements importants qui se sont passés au cours de l’histoire (comme pour les Archives du ghetto de Varsovie), ils sont conscients que ce qui se vit en Belgique depuis quelques semaines est exceptionnel et qu’il faut rapidement agir pour conserver les traces de ces changements tant sur le plan individuel (vie des familles, liens sociaux redéfinis, etc.) que sur le plan collectif (maintien des fonctions essentielles, réorganisation du travail et des cours dans les institutions d’enseignement, gouvernement disposant de pouvoirs spéciaux, limitation des libertés individuelles, etc.)

La plateforme « Archives de Quarantaine » voit ainsi le jour le 14 avril et continue d’être alimentée chaque semaine par les archivistes du Nord et du Sud du pays. En effet, ce projet est porté collectivement par l’Association des archivistes francophones de Belgique (AAFB) et le Vlaamse Vereniging voor Bibliotheek, Archief & Documentatie vzw (VVBAD). Le premier objectif de cette plateforme est de collecter et rassembler les initiatives citoyennes, les témoignages, les actions des entreprises ou associations nées durant la période de confinement. Ces initiatives montrent comment les citoyens et les organisations ont vécu et ont réagi face à une situation sanitaire qui impose un nouveau mode de vie. Le second objectif est de mobiliser les professionnels de l’information et les archivistes afin que chacun contribue et alimente cette dynamique de collecte du présent et permette ensuite à l’Histoire de s’écrire sur base de sources fiables et plurielles. Enfin le dernier objectif, mais pas des moindres, est d’offrir des outils et bonnes pratiques aux archivistes et gestionnaires de l’information pour lancer, par leurs propres moyens, leur projet de récolte et de disposer d’informations techniques leur permettant d’archiver au mieux ces nombreuses sources qui arrivent pour la plupart sous forme numérique.

Enfin dans une prochaine phase du projet, nous espérons que les études qui seront réalisées sur cette période exceptionnelle que nous vivons pourront aussi être partagées via cette plateforme afin d’offrir aux chercheurs et citoyens de nouvelles perspectives sur ce temps suspendu.

À l’origine : des interrogations

Comme nous l’avons dit, les archivistes ont très rapidement compris l’importance des évènements : en mars 2020, le virus avait déjà progressé rapidement en Chine et s’exportait partout dans le monde, les États européens commençaient à prendre des mesures drastiques pour limiter la propagation de l’épidémie de Coronavirus. Il fallait se poser la question de l’enregistrement du présent : comment conserver des traces objectives des évènements ? Quels moyens pour permettre la conservation et l’étude à long terme d’une série d’initiatives citoyennes, souvent spontanées et éphémères ? Comment retrouver d’ici quelques mois ou années, ces tweets, histoires racontées sur un profil Facebook ou cette visioconférence entre collègues ?

Ces questions, brûlantes d’actualité, ne sont pas simples pour des archivistes, bien que dans nos tâches, nous nous occupions déjà du tri, de la conservation et de la valorisation des dossiers actifs présents dans nos administrations ou entreprises. Déjà quotidiennement, nous sommes bien loin de l’imaginaire collectif qui veut qu’un archiviste ne s’occupe que de documents anciens, loin des préoccupations du présent.

Archiver le présent, quelle différence avec le coronavirus ? Beaucoup de choses : la masse d’informations à traiter, le caractère éphémère de nombreuses initiatives, la crainte de pertes d’informations pour étudier la situation et, last but not least, les technologies utilisées. Il n’est plus question ici de s’occuper des documents électroniques ou papiers récoltés durant les tâches quotidiennes d’un service d’archives. Il faut aller plus loin, il faut être au cœur de la récolte, de la sauvegarde ; il faut permettre à la population d’apporter sa pierre à l’édifice et lui fournir un lieu de conservation de ses témoignages, de son vécu.

Les archivistes se lancent, petit à petit

Les archivistes, en tant que passeurs de mémoire pleinement conscients de leurs tâches, ont rapidement pris à bras le corps cette problématique. Partout dans le monde, comme en France1 ou aux Pays-Bas2, des initiatives de récolte voient le jour.

En Belgique, l’un des premiers services d’archives à lancer un appel pour la récolte de témoignages et de documents en lien avec le coronavirus est celui de la Ville de Bruxelles dès le 20 mars 2020. Ce service avait déjà une expérience probante d’une collecte de traces éphèmères lors des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles3. C’est donc forts de cette expérience que les archivistes bruxellois ont très rapidement lancé leur projet de collecte de témoignages, au travers d’un appel sur Facebook. Quelques jours plus tard, le 25 mars, les archives de La Louvière lancent leur appel aux dons : dès le 13 mars, ce service avait déjà commencé à photographier l’effet de la pandémie sur certaines rues de l’entité et a rapidement, en accord avec ses instances, étendu le projet4. Le 1er avril, les archives de la Ville de Gand publiaient également leur appel au témoignage5.

Début de l’appel commun lancé aux membres des associations professionnelles.

Fédérer les initiatives et permettre les récoltes

Lentement mais sûrement, les archivistes des deux côtés de la frontière linguistique se lancent dans l’aventure, avec leurs moyens, leurs méthodes et leurs perspectives… Mais tout le monde n’ose pas spécialement développer son projet : il semble rapidement nécessaire, au sein de l’AAFB, d’offrir aux archivistes une série d’outils pour se lancer et de regrouper, sous cette plateforme unique, une série d’articles sur les initiatives existantes. C’était également l’occasion de valoriser le métier d’archiviste et de gestionnaire de l’information et de sensibiliser le plus grand nombre à l’importance de l’enregistrement du présent.

Des premiers contacts sont pris entre l’AAFB et le VVBAD pour réfléchir à la conception d’une plateforme commune. Un projet bilingue ? C’était évident. Les problèmes rencontrés aussi bien au niveau technique qu’au niveau juridique sont les mêmes dans nos deux communautés linguistiques.

Logo conçu par Véronique Lux, pour le développement du site internet.

Des résultats rapides

Au 8 avril, l’équipe, aux horizons et compétences diverses et encore active aujourd’hui, est constituée6 et les travaux sont déjà bien avancés : un logo a été conçu par Véronique Lux et le site internet, développé en WordPress par Lionel Vanvelthem de l’IHOES, n’attendait plus que quelques articles avant sa diffusion.

Le site « Archives de Quarantaine » a été officiellement diffusé le 14 avril, soit à peine une semaine plus tard. Déjà à ce moment-là, le site proposait des articles sur des initiatives citoyennes, des projets d’archivistes et des premiers outils.

Au 2 juin, sans distinction de langue7, on compte ainsi :

  • 36 articles sur « Les initiatives citoyennes », regroupant une série d’initiatives pour récolter ou livrer des témoignages,
  • 32 articles sur « Les archivistes en action », présentant les projets de récoltes lancés par les différents centres d’archives et professionnels du secteur,
  • 14 articles sur les « Études » en cours ou publiées et, enfin,
  • 12 articles sur les « Outils » (y compris des retours d’expérience), pour présenter aussi bien les outils que des retours d’expérience.

Cette plateforme est donc tant une sorte de premier guide des sources créées par le confinement qu’un outil pour les archivistes voulant se lancer dans cette récolte des traces du Covid-19. Pour étoffer encore la section « outils », l’AAFB a créé différents groupes de travail. À l’heure actuelle, quatre groupes de travail sont actifs : conventions (questions juridiques), témoignages oraux, métadonnées et outils d’archivage web. Le tout soutenu par deux stagiaires en archivistique venus de l’Université Catholique de Louvain.

À l’heure où nous clôturons cet article, nous pouvons déjà compter sur de nombreux retours positifs suscités par cette initiative : des services et centres d’archives qui se sont lancés dans ce projet avec enthousiasme et professionnalisme, des articles de presse et interviews pour différents médias ainsi qu’un intérêt de parlementaires et acteurs publics à voir ce projet se poursuivre.

À l’instar de nos collègues d’autres pays8, nous pourrons ainsi contribuer à ce que les travaux de recherches sur cette année 2020 et ses conséquences puissent voir le jour dans quelques mois ou années et voir ainsi, avec le recul, les impacts que ce petit virus aura eu sur les différentes facettes qui constituent notre société démocratique.

- Virginien Horge et Marie-Laurence Dubois

Webreferenties

  1. « Archives de Quarantaine »: http://archivesquarantainearchief.be/fr/
  2. Les initiatives citoyennes: http://archivesquarantainearchief.be/fr/category/initiatives-citoyennes/
  3. Les archivistes en action: http://archivesquarantainearchief.be/fr/category/les-archivistes-en-action/
  4. Études: http://archivesquarantainearchief.be/fr/category/etudes/
  5. Outils: http://archivesquarantainearchief.be/fr/category/outils/

Références

  1. Comme, par exemple, les archives municipales d’Avignon, dès le 30 mars, ou Les Archives nationales du monde du travail le 6 avril. Pour d’autres initiatives françaises, on consultera l’article « Collecte des données et COVID 19 ». (Cliquez droit pour le lien.)
  2. Par exemple : « Hotspot COVID-19: relevante informatie blijvend bewaren » du Nationaalarchief ou encore « Digitale coronacollectie in Nederland van start » du Netwerk digitaal erfgoed. (Cliquez droit pour les liens.)
  3. Durant ces évènements, les équipes des archives ont été sur le terrain recueillir les nombreux témoignages spontanés de soutien, déposés à la Bourse : il fallait pérenniser la mémoire de ce moment si particulier, si douloureux pour tout un chacun. Sur ce sujet, se reporter notamment à : Boquet Frédéric, « Les Archives de la Ville de Bruxelles face aux attentats du 22 mars 2016 », Cahiers Bruxellois – Brusselse Cahiers, 2017/1 (XLIX), p. 59-76, en ligne sur Cairn.info. Leurs différentes campagnes de photographies, du 22 mars au 20 mai 2016, ont d’ailleurs été mises en ligne et sont consultables ici. (Cliquez droit pour les liens.)
  4. Thierry Delplancq, l’archiviste de cette commune, a dressé un premier bilan de cette récolte le 16 avril sur la plateforme AQA sous le titre « Les initiatives louviéroises pour une préservation de l’instant présent en période de crise ». (Cliquez droit pour le lien.)
  5. Voir leur appel en ligne ici. (Cliquez droit pour le lien.)
  6. Rubrique « Qui sommes-nous ? » du site Archivesquarantainearchief. (Cliquez droit pour le lien.)
  7. Pour des raisons pratiques, tous les articles ne sont pas systématiquement traduits dans les deux langues.
  8. Voir par exemple le communiqué de l’Unesco, signé également par le Conseil international des archives (ICA), intitulé « Transformer la menace du COVID-19 en une occasion de soutenir davantage le patrimoine documentaire ». (Cliquez droit pour le lien.)