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Courtois, Luc (éd.), Les études orientales à l’Université de Louvain depuis 1834 : Hommes et réalisations (Bruxelles : Safran, 2021), 484 p. (coll. Histoire, 12).

Martin Dutron, UCLouvain

En 1971, dans une notice du DHGE consacrée à Jacques Forget, le chanoine Roger Aubert qualifie comme suit le travail de son ancien maitre : « Comme professeur de théologie fondamentale, Forget ne brilla pas par l’originalité […] Les vrais mérites de Forget se situent dans le domaine de l’orientalisme ».1 Au-delà de la critique portée par l’historien ecclésiastique ayant embrassé un autre positionnement savant et ecclésial que son prédécesseur, le propos manifeste la place majeure qu’a pu occuper et continue d’occuper Forget dans le généalogie interne de la discipline orientaliste. Une discipline dont aucun contributeur de l’ouvrage de 2021 ne vient interroger le nom2 – d’« orientalisme » – alors même que le titre du colloque3 dont est issue la publication le comportait. Si la (dé)construction de cette généalogie hagiographique4 n’est pas abordée dans l’ouvrage, Luc Courtois propose néanmoins de développer deux lignes de faîte, en 19 chapitres, de « cette aventure intellectuelle et humaine » (p. 16) : une diachronique autour de disciplines ou langues particulières et une synchronique autour d’entreprises savantes et d’individus.
Le parcours historique (p. 29-332) pose la question du développement de l’hébreu, de l’araméen, du sanskrit (les contributions autour des professeurs Nève et Lamotte, p. 73-116), du syriaque (les contributions autour des professeurs Lamy et Forget, p. 117-158), des langues égyptiennes (p. 159-196), de l’arabe (p. 219-230), de l’iranien (p. 231-252), de l’éthiopien (p. 281-292), des langues byzantines (p. 293-312) et de l’élamite (p. 313-332). La deuxième partie se révèle plus intéressante. Elle s’articule autour de cinq entreprises – auxquelles on aurait pu ajouter une contribution se trouvant dans la première partie concernant les deux incendies de la bibliothèque universitaire (p. 253-280) – abordant successivement l’ « école d’ecdotique des textes scientifiques », le « tournant critique » des professeurs Cauchie et Ladeuze, l’aventure du Corpus scriptorum christianorum orientalium, la bibliothèque orientaliste de Louvain-la-Neuve et la numérisation d’une collection mésopotamienne au Musée L.
À la suite de ce qu’ont pu souligner Pieter Dhondt (20025, 20176) et Jean-François Condette (2020)7 concernant les jubilés universitaires et le type d’histoire qu’ils produisent, l’objet du présent compte rendu est de pointer les éléments qui trahissent un certain écueil essentialiste – l’apport des orientalistes louvanistes au « ressourcement » (p. 66)8 – dans les contributions et évacuent la question de l’inscription sociale des acteurs et de leurs productions.9 Les éléments à relever sont au nombre de trois. Le premier élément concerne la non-harmonisation d’éléments tels que des dates : la fondation de la revue Le Muséon est souvent renseignée pour 1881 (Leo Kenis, p 48 ; Van Rompay, p. 136, Cannyuer, p. 178 ; Garny et Van Quickelberghe, p. 205 ; Isebaert, p. 236 ; Willy F. Vande Walle, p. 256 ; Andrea Barbara Schmidt, p. 386) – en fait la date des premières de couverture, et à d’autres endroits pour 1882 (Vielle, p. 102, Obsomer, p. 160) – en fait la date du premier numéro. Le deuxième élément concerne l’approche top-down envisagée : les études s’axent sur les enseignants et évacuent la question des étudiants et étudiantes, et de leurs trajectoires. Si on sait maintenant qui forme, on ne semble toujours pas savoir qui est formé. De ce point de vue, on aurait aimé avoir quelques données statistiques sur les inscriptions dans les filières spécifiques qu’elles soient en faculté de théologie, faculté de philosophie et lettres ou au sein de l’Institut orientaliste (1936). Néanmoins, les deux articles consacrés à la bibliothèque de l’institut orientaliste et aux collections du Musée L interrogent plus franchement la question d’un « ordre matériel du savoir ».10 Le troisième élément concerne la question de la dimension trans/internationale de la production des savoirs orientalistes et de leurs réseaux. L’ouvrage collectif y voit une constante de la restauration du milieu du 19e siècle à aujourd’hui (p. 196, 234, 256). Nous ne disons pas que cette dimension n’a pas joué un rôle déterminant dans la circulation de la production et la mise en place de conditions de disponibilités à la participation de savants internationaux, mais force est de constater que le degré de cette internationalité a toujours grandement varié. De ce point de vue, l’entre-deux-guerres manifeste moins une dimension internationale qu’un recentrement profondément national, comme l’attestent les bilans financiers de la revue Le Muséon.
En bref, si l’ouvrage permet bien une première entrée dans l’histoire des orientalistes louvanistes, ces derniers n’ont pas encore franchi la porte d’une histoire sociale et culturelle de leurs propres productions savantes. Suprenant dès lors de lire ailleurs que « cet ouvrage répond d’abord, il me semble, à un besoin de comprendre le milieu qui a permis l’éclosion de tant d’érudits de grande valeur autour d’une même institution ».11 Une histoire de l’orientalisme par l’histoire des ses conditions de possibilités reste à entreprendre, une histoire sociale et culturelle plus qu’intellectuelle.

- Martin Dutron, UCLouvain

Referenties

  1. Jacques Forget, professeur à la faculté de théologie de Louvain, prêtre diocésain de Namur, 1852-1933. Voir Aubert, Roger, « FORGET (Jacques) », dans : Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques (Paris : Letouzey et Ané, 1971), vol. 17, col. 1050-1051.

  2. Feuerhahn, Wolf, « Prendre les noms des savoirs au sérieux », Revue d’histoire des sciences humaines, 37-2020.

  3. Programme du colloque des 3 et 4 décembre 2018.

  4. On lit par exemple ce type de discours quasi hagiographique chez André Haquin : « Leur connaissance des nombreuses langues anciennes a de quoi impressionner, de même que leurs relations internationales avec d’autres érudits. L’Europe de la culture fonctionnait déjà ». Voir Haquin, André, Compte rendu dans Revue d’histoire ecclésiastique, 116/3-4 (2021), 1033-1036 [ici p. 1035].

  5. Dhondt, Pieter, « Universiteitsgeschiedenis in België: meer dan een jubileumgeschiedenis? », Mededelingenblad van de BVNG / Bulletin d’information de l’ABHC, 24/4 (2002), 5-12.

  6. Dhondt, Pieter, « Belgische universiteitsgeschiedenis vanuit een internationaal perspectief », Contemporanea. Bulletin d’information de l’ABHC, 39/3 (2017).

  7. Condette, Jean-François e. a. (éd.), Histoire de l’enseignement en France. XIXe-XXIe siècle, Paris, Armand Colin, 2020.

  8. Bogaert, Pierre-Maurice, « C’est ainsi que des diverses disciplines se sont ressourcées et se sont soutenues l’une l’autre », dans Courtois, Luc (éd.), Les études orientales à l’Université de Louvain…, 66. Le « ressourcement » désigne la dynamique d’enrichissement de la théologie catholique de l’entre-deux-guerres par un retour aux « sources » bibliques, patristiques et liturgiques.

  9. Lardinois, Roland, « Les études indiennes objectivées. L’espace des publications de Sylvain Lévi », dans Bansat-Boudon, Lyne & Lardinois, Roland (éd.), Sylvain Lévi (1863-1935). Études indiennes, histoire sociale. Actes du colloque tenu à Paris les 8-10 octobre 2003 (Turnhout : Brepols, 2007), 421-448 (coll. Bibliothèque de l’École des Hautes Etudes, Sciences Religieuses, 130).

  10. Voir le chapitre « L’épaisseur matérielle des savoirs », dans Bert, Jean-François & Lamy, Jérôme (éd.), Voir les savoirs. Lieux, objets et gestes de la science (Paris : Anamosa, 2021), 7-25.

  11. Couture, André, Compte rendu dans Laval théologique et philosophique, 77/2 (juin 2021), 321-323.