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De Salle, Corentin et Koppen, Jimmy (dir.), Liberté et Progrès, les 175 ans du parti libéral en Belgique (Paris : Editions Jourdan, 2021), 253 p.

Benoît Leysten

En octobre 2021, les partis libéraux du sud et du nord du pays - le Mouvement Réformateur (MR) et l’Open VLD - ont organisé un congrès commun en l’honneur des 175 ans de la fondation du Parti Libéral. À l’occasion de cet anniversaire, un ouvrage a été publié : Liberté et Progrès, les 175 ans un parti libéral en Belgique 1. Cet ouvrage commémoratif est sorti sous la direction conjointe de Corentin de Salle, licencié en droit, docteur en philosophie et directeur scientifique du Centre Jean Gol (bureau d’étude du MR) et de Jimmy Koppen, docteur en histoire et directeur du Centre d’étude de l’Open VLD. De nombreux historiens se sont investis dans sa rédaction : Joseph Tordoir, Marc d’Hoore, Christophe Cordier, Thomas Vanwing, Dweezil Vandekerckhove, Mathieu Vanhaelewyn ainsi que le politologue Jean-François Furnémont. Notons déjà qu’à l’exception de Marc d’Hoore et de Jean-François Furnémont, tous les auteurs sont actifs au sein du Centre Jean Gol, du Centre d’étude de l’Open VLD ou au sein même de ce dernier parti.

La publication d’une telle synthèse à vocation historique s’inscrit dans un champ historiographique qui ne peut être considéré comme inexploré. Depuis plusieurs décennies, d’importants travaux ont été consacrés à cette tendance politique et sont devenus incontournables, citons Le Libéralisme en Belgique, Deux cents ans d’histoire_2, _Les libéraux belges, Histoire et actualité du libéralisme 3 ou encore plus récemment _Du parti libéral au MR, 170 ans de libéralisme en Belgique_4.

Préfacé par plusieurs personnalités politiques libérales et richement illustré, ce nouvel ouvrage est subdivisé en dix chapitres, le premier se présentant sous la forme d’un « panorama kaléidoscopique » retraçant l’histoire du libéralisme belge de 1789 à 2020. Au fil de ses quarante-six pages, de nombreux repères chronologiques sont mis en avant par Corentin de Salle et Thomas Vanwing. Cette méthode atteint néanmoins rapidement ses limites. Les événements sélectionnés sont sortis de leur contexte, parfois imprécis5, voire erronés. On y lit par exemple que les libéraux Paul Hymans et Eugène Goblet d’Alviella et le socialiste Émile Vandervelde ont intégré le gouvernement catholique en 1914 en tant que ministres sans portefeuille dans une logique d’union nationale face à l’agression allemande. Cependant, cela ne se produit qu’en 1916. En août 1914, ils sont en réalité nommés ministres d’État6. Par ailleurs, cette notice sur l’entrée en guerre de la Belgique est étonnamment placée avant la notice consacrée à l’instruction gratuite et obligatoire (mai 1914). Cela peut donner l’impression à un lecteur non-initié que cette réforme a été portée par le gouvernement d’union nationale mais il s’agit bien d’un projet porté par le ministre catholique Prosper Poullet dès juin 1913.

Il s’ensuit neuf autres chapitres, qu’il nous est impossible de décrire dans les détails mais qui traitent de l’Union européenne et particulièrement des commissaires européens libéraux7, de la question linguistique et des réformes constitutionnelles, de la question de l’enseignement et de l’autodétermination, des libéraux et de la politique étrangère ou encore des libéraux et de la question économique. La plupart de ces chapitres partent du passé et se concluent au temps présent. De ce fait, l’apport historique et le discours politiquement engagé8 semblent parfois s’entremêler. Cela se ressent particulièrement dans les conclusions des dits articles9. Le dernier chapitre dénommé « et demain ? » peut même être résolument qualifié de plaidoyer en faveur des thèses libérales actuelles. Quant au fond, il n’apporte pas grand-chose à la recherche historique. Les articles reposent principalement sur d’autres travaux, peu de sources et des écrits de personnalités politiques libérales, ne laissant que peu de place pour un discours critique.

Malgré tout, les articles de Joseph Tordoir et Marc d’Hoore ont retenu notre attention. Le chapitre de Joseph Tordoir met en exergue le combat des libéraux progressistes en faveur du suffrage universel et les nombreuses tensions avec les doctrinaires qui en ont découlé. Cette contribution met l’accent sur le parcours du progressiste Paul Janson mais repose principalement sur une ancienne publication de 199910. L’auteur consacre également quelques pages intéressantes à la position du parti face à la montée du communisme et du rexisme dans les années trente et au rôle de son président, Victor de Laveleye. Quant à Marc d’Hoore, il s’attarde notamment sur la posture des libéraux face aux réformes sociales à introduire après la Libération et conclut avec l’adoption de la charte sociale libérale en juin 1945. Cette étude permet tout particulièrement de lancer des pistes de recherche. Fruits d’une démarche historique, ces deux articles ont le mérité de se limiter au passé et d’exploiter des fonds d’archives issus essentiellement du Centre Jean Gol.

Enfin, l’ouvrage se conclut par une « lettre à Alexine & Oscar » écrite par Georges-Louis Bouchez et Egbert Lachaert ainsi qu’une galerie des Pères fondateurs (1864-1913) et une galerie des Présidents du parti libéral (1913-2021).

De manière générale, cette publication s’avère être avant tout un ouvrage grand public édité à des fins de commémoration par et pour le MR et l’Open VLD. L’absence d’une collaboration interuniversitaire sur un tel projet est elle aussi regrettable. Soulignons également que le fonds Liberas, qui est le centre archivistique de référence pour l’histoire du mouvement libéral en Belgique, est juste mentionné dans les remerciements et n’a donc été que peu impliqué dans la publication.

En somme, les historiens et les politologues ne trouveront pas, ou peu, de satisfaction dans la lecture d’un tel ouvrage qui aurait pu, par exemple, mettre en lumière les récentes recherches sur le libéralisme. Pour l’heure, Le Libéralisme en Belgique, Deux cents ans d’histoire et les ouvrages cités au début de ce compte-rendu restent les ouvrages de référence. Le prochain anniversaire du libéralisme belge, et le très probable ouvrage qui en résultera, viendra peut-être rebattre les cartes.

- Benoît Leysten

Referenties

  1. Une version identique néerlandophone a été publiée : Vrijheid en vooruitgang, 175 jaar liberale partij in België.
  2. Hasquin, Hervé et Verhulst, Adriaan (dirs.), Le Libéralisme en Belgique, Deux cents ans d’histoire (Bruxelles: Centre Paul Hymans, 1989).
  3. Hasquin, Hervé (dir.), Les libéraux belges. Histoire et actualité du libéralisme (Bruxelles: Labor, 2006).
  4. Delwit, Pascal (éd.), Du parti libéral au MR : 170 ans de libéralisme en Belgique (Bruxelles: Éditions de l’Université Libre de Bruxelles, 2017).
  5. Il est par exemple signalé que les libéraux abrogent en 1866 le délit de coalition ouvrière et autorisent ainsi la grève. Toutefois, il est omis de signaler que l’exercice du droit de grève continue, dans les faits, à être sanctionné par des amendes ou peines de prison suite à l’introduction de l’article 310 du Code pénal qui sera seulement abrogé en 1921.
  6. Dumoulin, Michel, L’Entrée dans le XXe siècle : 1905-1918 (Bruxelles: Le Cri, 2010, coll. « Nouvelle Histoire de Belgique »), p. 154.
  7. Jean Rey, Willy De Clercq, Louis Michel, Karel De Gucht et Didier Reynders.
  8. On découvre par exemple cette phrase dans le chapitre consacré à la question de la politique étrangère : « Il [le libéral] sait que la pauvreté recule chaque année dans le monde et que c’est la mondialisation libérale qui en est en cause » (page 163).
  9. À la fin du chapitre consacré à la coexistence dans la diversité, nous retrouvons la phrase suivante : « Le droit de toutes les personnes de disposer de leur corps et de leur vie restera un combat important à l’avenir. C’est pourquoi nous militons pour la dépénalisation plus large de l’avortement… » (page 104).
  10. Tordoir, Joseph, Paul Janson (1840-1913). Un libéral à la conquête du suffrage universel (Bruxelles: Archives libérales du Centre Paul Hymans, 1999).