Coletta, Betty, Pirlot, Jules, Spriet, Georges, Vonckx, Theun, Camarades : Le Parti communiste de Belgique par l’image, 1921-1995 / Kameraden : De Kommunistische Partij van België in beeld, 1921-1995 (Bruxelles: CArCoB/DACOB, 2021), 268 p.

Thomas Briamont, Université de Liège/Université du Luxembourg

L’année 2021 a été celle du centenaire de la fondation du Parti communiste de Belgique (PCB). C’est en effet lors d’un congrès organisé les 3 et 4 septembre 1921 que le PCB fut créé suite à la fusion entre un premier parti communiste dirigé par War Van Overstraeten et un groupe dissident du POB réuni autour de Joseph Jacquemotte et du journal L’Exploité. Cet anniversaire a donné lieu à plusieurs manifestations à caractère scientifique 1 et c’est également dans ce contexte que doit être placée la publication de cet ouvrage.

Camarades / Kameraden est un livre bilingue édité par deux institutions historiquement proches du PCB et chargées de la conservation des archives liées à l’histoire des communismes en Belgique : le CArCoB et son pendant flamand, le DACOB 2. Il est le fruit d’un travail collectif réalisé par une équipe de quatre rédacteurs : Betty Coletta (qui s’est principalement chargée de la recherche documentaire) ; Jules Pirlot, historien, enseignant retraité, ancien militant du PCB et surtout président du CArCoB ; Theun Vonckx, archiviste du DACOB ; Georges Spriet, administrateur du DACOB. José Gotovitch, Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles, directeur scientifique du CArCoB et ancien secrétaire national des Étudiants communistes, a rédigé la préface.

Comme son titre l’indique, cet ouvrage est richement illustré. Il compte environ 350 reproductions de photos, affiches, tracts, journaux… issus des collections des deux institutions éditrices. L’image occupe par conséquent une place centrale tandis que les textes rédigés se limitent à quelques pages. Après un bref aperçu historique qui retrace les grandes phases de l’histoire du parti, l’ouvrage est divisé en huit parties thématiques : la vie du parti, la presse, la jeunesse, les mouvements de masse liés au parti, le fédéralisme, l’international, les luttes, la vie culturelle. Chacune d’entre elles débute par un court texte d’introduction suivi par des illustrations liées à la thématique.

Camarades / Kameraden n’est pas un ouvrage qui s’adresse en premier lieu à un public strictement scientifique. Par son caractère bilingue et la large place accordée à l’iconographie, il s’adresse davantage à un public plus diversifié, désireux de (re)découvrir le quotidien des militants communistes par l’image. Par conséquent, la bibliographie indicative en fin d’ouvrage n’est pas exhaustive et se limite pour l’essentiel aux publications éditées par le CArCoB. Le lecteur curieux est toutefois renvoyé vers la bibliographie courante disponible en ligne sur le site du centre d’archives. De même, l’ouvrage ne propose pas un examen critique ou une analyse approfondie de l’histoire du PCB. Là n’est d’ailleurs pas son ambition, comme l’indique José Gotovitch dans la préface : « l’objectif de cet ouvrage, c’est avant tout, c’est essentiellement de tenter de donner à voir ce qui est souvent indicible. Sans exalter leaders ou héros, il a comme ambition de représenter les multiples facettes de ses actions, de ses terrains de lutte, de ses organisations. Et, en fin de compte, de célébrer ses militants, le plus souvent anonymes » (p. 8). Nous sommes donc en présence d’un ouvrage commémoratif qui souhaite remettre en avant l’engagement des militants du PCB sur différents terrains d’action et de lutte.

Il en résulte un livre agréable à feuilleter avec des reproductions de qualité, qui témoignent de la richesse des collections conservées au CArCoB et au DACOB. Les illustrations sont toutes accompagnées d’une légende, bien que certaines ne soient pas toujours très détaillées. Par exemple, certaines photos ne sont pas précisément situées ou datées. Le lecteur curieux pourra toutefois se référer au catalogue en ligne du CArCoB pour de plus amples informations sur les documents présentés. Enfin, bien que s’adressant à un public plus large, un tel ouvrage peut également amener l’historien à s’interroger sur l’apport de la source iconographique, souvent réduite à l’état d’illustration. Alors que l’écrit occupe encore une place dominante dans le travail de l’historien, cette histoire du PCB par l’image nous montre que la photographie peut également se révéler très utile. Elle offre par exemple un aperçu visuel des slogans et autres dispositifs mis en place lors des manifestations ou de campagnes électorales. Des éléments qu’on ne retrouve pas toujours dans les sources écrites.

Referenties