Les archives de l’Association solidaire des masques stéphanois

Anne-Lise Delvaux - historienne au CARHOP

L’Association solidaire des masques stéphanois (ASMS) prend vie le 14 avril 2020. Son « Opération masques » est une réponse citoyenne pour faire face à la crise sanitaire et au confinement qui s’ensuit. L’objectif est de fournir rapidement à chaque habitant et habitante de Court-Saint-Étienne un masque réutilisable en tissu. Plusieurs bénévoles se lancent dans le projet avec les moyens à disposition et le soutien de la commune. Petit à petit la chaîne de solidarité s’organise : il y a les coupeurs et coupeuses de tissus et de cordons, les « plieurs-repasseurs » et « plieuses-repasseuses », les couturiers et couturières, les coursiers et coursières, sans oublier les responsables logistiques. Les masques se confectionnent les uns après les autres jusqu’à dépasser le nombre de 11.000. L’opération prend de l’ampleur et le réalisateur stéphanois Christophe Hertecant lui consacre un petit film Masques Stéphanois – l’Opération .

Photographie de l’atelier de confection et préparation des colis de masques à Court-Saint-Étienne (CARHOP, Fonds ASMS, n°6).

Au final, plus de 350 bénévoles auront mis la main à la pâte pour mener à bien cette opération. Il y aura assez de masques pour en distribuer également au personnel de la commune, à celui des crèches et des écoles.

L’« Opération masques » se termine en juillet 2020, mais les effets néfastes de la crise sanitaire sont toujours présents : isolement de personnes, manque d’information, manque de matériel informatique, etc. L’association, qui fêtera bientôt son premier anniversaire, souhaite dès lors continuer à créer du lien dans la commune de Court-Saint-Étienne et ses alentours. En février 2021, elle prend le nom d’« Association solidaire du mieux-être stéphanois ». Son nouvel objectif est de relayer les « différentes initiatives locales et canaux de communication qui existent déjà pour garder le contact, soutenir et aider »1.

Récapitulatif en chiffres de l’action de l’ASMS (CARHOP, Fonds ASMS, n°6).

Au même moment, Xavier Marichal, représentant de l’ASMS, entend parler de la collecte de témoignages et de documents que le Centre d’animation et de recherche en histoire ouvrière et populaire (CARHOP) a lancée pour conserver la mémoire du confinement. L’initiative émane de la plateforme « [Archives de quarantaine] » (https://archivesquarantainearchief.be/fr/) ; une action menée par plusieurs centres d’archives belges et qui existe depuis avril 2020. Le CARHOP reçoit les archives de l’ASMS, traces de l’impact de la crise sanitaire et sociale actuelle, et les inventorie dès sa réception2.

Le fonds d’archives de l’association n’est pas ample, mais il est très varié au niveau de ses supports. Instantané et témoin du moment présent, il est surtout constitué d’archives numériques (500 Mo) : un forum internet, une page Facebook, des mails, des vidéos. Le CARHOP n’est pas encore tout à fait outillé pour envisager la conservation pérenne de ce genre d’archives, mais il y travaille. Les archives papiers et matérielles de l’ASMS se conservent, elles, dans une seule boîte (0.10 m.l.). On y retrouve les restes de tissus et cordons qui ont servi à la confection des masques, ainsi que les toutes-boîtes adressés aux Stéphanois et Stéphanoises à la livraison. Même les enveloppes annotées et utilisées pour faire passer le matériel de bénévole en bénévole sont conservées. Elles sont les témoins muets de cette chaîne de solidarité et d’action citoyenne qui s’est mise en place dès le début de la crise sanitaire.

Références